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Paul-Émile Borduas, Chant de fête, 1955
Estimate:
CA$180,000 - CA$220,000
Starting bid:
CA$135,000
Sold
CA$192,000
Live Auction
BYDealers – Art canadien important / Important Canadian Art
ARTIST
Paul-Émile Borduas
Description
Techniques/Medium
Huile sur toile / Oil on canvas
Dimensions
38,4 x 45,7 cm / 15 ⅛ x 18 in
Signatures
signée et datée au bas à droite / signed and dated lower right
Provenances
Collection Louise et Bernard Lamarre, Montréal
Equinox Gallery, Vancouver
Bibliographie/Literature
BORDUAS, Paul-Émile. Écrits, édition critique par André-G. BOURASSA, Jean FISETTE et Gilles LAPOINTE, Montréal, Presses de l’Université de Montréal (BNM), 1987, p. 641.
BORDUAS, Paul-Émile. Écrits II, tome 2 : 1954-1960, édition critique par André-G. BOURASSA et Gilles LAPOINTE, Montréal, Presses de l’Université de Montréal (BNM), 1997, p. 858-859.
GAGNON, François-Marc. Borduas and America / Borduas et l’Amérique, Vancouver, The Art Gallery of Vancouver, 1977. Œuvre reproduite en couleurs à la page 37. / Work reproduced in colour on page 37.
GAGNON, François-Marc. Paul-Émile Borduas (1905-1960) : Biographie critique et analyse de l’œuvre, Montréal, Fides, 1978. Mention de l’œuvre aux pages 406 et 529. / Mention of the artwork on pages 406 and 529.
GAGNON, François-Marc. Paul-Émile Borduas: A Critical Biography, trans. Peter Feldstein, Montréal and Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2013. Mention de l’œuvre à la page 393. / Mention of the artwork on page 393.
PAYANT, René. « The Tenacity of the Sign: Borduas in New York » artscanada, vol. 35, no 224-225 (de décembre 1978 à janvier 1979), p. 31-38. Mention de l’œuvre à la page 34 dans la note de bas de page no 10. / Mention of the work on page 34 in the footnote no. 10.
Expositions/Exhibitions
Borduas and America / Borduas et l’Amérique, Vancouver, The Vancouver Art Gallery, du 9 décembre 1977 au 8 janvier 1978

No de catalogue / Catalogue No.: 2005-1223

Créer l’harmonie même dans le plus petit fragment du tableau. C’est ce qu’on appelle faire chanter la pâte. – Paul-Émile Borduas

De son arrivée à Provincetown en 1953 jusqu’à son départ de New York en 1955, Paul-Émile Borduas insuffle une extraordinaire bouffée de fraîcheur à son œuvre sous l’influence de l’effervescence artistique qui règne dans la ville, où le courant de l’expressionnisme abstrait prédomine. Très prolifique durant les derniers mois de son séjour aux États-Unis, il manie allègrement ce nouveau vocabulaire plastique, dont il étudie les nuances et les états jusqu’à devenir son propre maître. Le tableau Chant de fête illustre d’abord cette percée par sa matérialité : les empâtements gagnent en volume là où le maniement se fait plus souple, assuré. Le blanc s’impose, savamment rehaussé d’une palette omnicolore avec des bruns rougeâtres qui s’agglutinent près des arêtes. Cette chaîne d’empâtements accidentée, loin de créer un effet d’opacité, retient sur ses crêtes des couleurs pures – festives –, soit le rouge, le bleu et le vert. La matière s’amincit vers le centre pour donner l’illusion d’une surface translucide, comme une glace fine ou l’eau teintée d’un étang. Les masses dialoguent entre elles dans une proposition où le fond et la forme ne font plus qu’un. Ainsi voient le jour les premières compositions all-over du peintre.

Borduas échafaude la matière, la superpose. Il la repousse pour animer la surface de toutes parts. L’historien de l’art François-Marc Gagnon écrit, au sujet de cette fournée : « Il n’y a donc pas de hiérarchie entre [les masses] et l’attention n’est pas attirée par un point en particulier de la surface, mais plutôt par le mouvement des coups de spatule qui tantôt semblent ramener la matière vers le centre, tantôt la disperser vers l’extérieur. » Ici, les plans de couleur sont emportés dans un tourbillon, une ronde joyeuse qui éveille tous les sens au sein de l’espace pictural. Le « chant » est celui de la matière, dont il ne faut pas interrompre le flux, selon Borduas, mais plutôt laisser libre cours à sa pulsion, à son instinct. « Le chant est la vibration imprimée à une matière par une sensibilité humaine, écrit-il. Cela rend la matière vivante. »

Borduas prend part à la Biennale de São Paulo en juin 1955. Invité à représenter le Canada aux côtés de Jean Paul Riopelle, il expédie 12 tableaux, dont 9 récents, qui ont tous, de près ou de loin, des qualités plastiques attribuables à Chant de fête. Ce trésor, toutefois, Borduas l’emporte de l’autre côté de l’Atlantique. En effet, au cours de l’été 1956, le peintre écoule sa production des dernières années auprès de marchands et de collectionneurs canadiens et américains. En juillet, Max Stern de la Dominion Gallery, sans doute à Paris pour l’exposition de Riopelle à la galerie Jacques Dubourg, selon Gagnon, fait un saut à l’atelier de Borduas, rue Rousselet, et y acquiert 13 toiles et 11 aquarelles (1954), qui lui seront expédiées au mois d’août suivant. L’avis d’expédition adressé au galeriste indique Chant de fête au numéro 9 de la liste des huiles. Cette magnifique pièce figurera d’ailleurs dans l’exposition Borduas et l’Amérique, organisée par la Vancouver Art Gallery, du 9 décembre 1977 au 8 janvier 1978. (A. L.)



To create harmony even within the painting’s smallest fragment. That’s what we call making the paint sing. – Paul-Émile Borduas

From his arrival in Provincetown in 1953 until he left New York in 1955, Paul-Émile Borduas infused an extraordinary amount of freshness into his work, influenced in no small part by the artistic excitement that prevailed in the city and the local dominance of Abstract Expressionism. Highly prolific during his final few months in the United States, Borduas handled this new plastic vocabulary with joy, studying its nuances and effects until he had mastered it. Chant de fête illustrates this breakthrough in its sheer materiality: impastos grow thicker where their handling is most supple and confident. The assertively applied white is skilfully enhanced by a multicoloured palette, with reddish browns that mass together at the edges. Far from making things opaque, this undulating chain of impastos retains on its crests pure—and festive—colours, such as red, blue, and green. Thinning out toward the centre, the paint gives the illusion of a translucent surface, like thin ice or slightly murky pond water. The masses dialogue with each other in such a way that form and background become one. This is where Borduas’s first all-over compositions came into being.

Borduas piles on his material, overlaying it. He pushes it to animate the entire surface. About this group of works, art historian François-Marc Gagnon writes, “There is no hierarchy between the masses, and our attention is pulled not by any particular point on the surface but by the movement of the palette knife strokes that seem first to bring the paint toward the centre then to push it toward the edges.” Here, the colour planes are caught in a whirlwind, a joyful round that awakens our senses inside its pictorial space. The “chant,” or song, is that of the paint, whose flow should never be interrupted, according to Borduas, but be left to find its own path, to follow its own instinct. “The song is the vibration imprinted on the paint by human consciousness. That’s what gives life to the paint.”

Borduas took part in the São Paulo Biennale in June 1955. Invited to represent Canada along with Jean Paul Riopelle, he contributed twelve paintings, of which nine were recent, and all of which, in one way or another, possess the same formal qualities as Chant de fête. But Borduas took this painting in particular to the other side of the Atlantic. In fact, during the summer of 1956, he sold off his previous years’ production to various Canadian and American dealers and collectors. In July, Max Stern of the Dominion Gallery—who was likely in Paris for Riopelle’s exhibition at Galerie Jacques Dubourg, according to Gagnon—paid a visit to Borduas at his studio on rue Rousselet and purchased thirteen oil paintings and eleven watercolours (1954), which were shipped in August. The shipping notice addressed to Stern indicates Chant de fête as item number nine in the list of works. This magnificent piece was featured in the exhibition Borduas and America, at the Vancouver Art Gallery from December 9, 1977 to January 8, 1978.