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Jean Paul Riopelle, Sans titre / Untitled (nº 1), 1954
Estimate:
CA$150,000 - CA$200,000
Starting bid:
CA$90,000
Sold
CA$192,000
Live Auction
BYDealers – Art canadien important / Important Canadian Art
ARTIST
Jean Paul Riopelle
Description
Techniques/Medium
Huile sur toile / Oil on canvas
Dimensions
33 x 24 cm / 13 x 9 ½ in
Signatures
signée au bas à droite; signée et datée « Riopelle 54 » au dos; signée et datée avec inscription « Riopelle juin 54 no 1 » sur le châssis / signed lower right; signed and dated “Riopelle 54” on verso; signed, dated and inscribed “Riopelle juin 54 no 1” on the stretcher
Provenances
Collection particulière / Private collection, Montréal
Pierre Matisse Gallery, New York
Bibliographie/Literature
DUTHUIT, Georges. “A Painter of Awakening: Jean-Paul Riopelle,” translated from the French by Samuel Beckett, in Riopelle: First American Exhibition (January 5–23, 1954), New York, Pierre Matisse Gallery, 1954.
GAGNON, François-Marc. Jean Paul Riopelle : Sa vie et son œuvre, Institut de l’art canadien, 2019. En ligne : <aci-iac.ca/fr/livres-dart/jean-paul-riopelle/> [ouvrage consulté en août 2023].
RIOPELLE, Yseult. Catalogue raisonné de Jean Paul Riopelle, tome 2, 1954-1959, Montréal, Hibou éditeurs, 2004. Œuvre reproduite en couleurs à la page 188. / Work reproduced in color on page 188. (Catalogue no 1954.081H.1954).
SCHNEIDER, Pierre, Georges DUTHUIT et Jean Paul RIOPELLE. Jean-Paul Riopelle : Peinture, 1946-1977, Paris, Centre Georges Pompidou, 1981.
Ce vigoureux petit tableau de Jean Paul Riopelle s’inscrit dans la célèbre période des mosaïques (1949-1959), celle qui propulse la carrière du peintre et contribue durablement à sa renommée. En 1952, le jeune trentenaire travaille dans son tout premier atelier, sis au 52, rue Durantin, à Montmartre. Énergisé par cette liberté nouvelle et le bourdonnement de la vie parisienne, il parvient à mettre au point un style unique, fait de petites touches denses qui évoquent les tessères de la mosaïque. « Les pigments, nombreux et non dilués, s’abattent sur la toile en rafales et en accords qui ne relèvent d’aucun système chromatique connu; puis le couteau, en les écrasant […] les fond les uns dans les autres », écrit Pierre Schneider. Une vision se profile, un tableau à la fois, « oui, mais avec l’expérience des autres », ajoute Riopelle. En 1954, il commence à exposer régulièrement à la Pierre Matisse Gallery, à New York, et il représente le Canada à la Biennale de Venise en compagnie de Paul-Émile Borduas et de B. C. Binning. En juin, cette année-là, à la veille de quitter Montmartre pour la commune de Vanves, il peint avec assurance le superbe tableau présenté ici.
Les tons froids irriguent une composition faite d’innombrables coups de couteau transversaux, puis ascendants, que des éclats épars illuminent ici et là pour réchauffer l’espace pictural. Les contrastes absolus créent un réseau inextricable de miroitements et de palpitations qui rappelle les poussées de matière des plus grands formats. Parfaitement calibrée, cette composition laisse circuler l’œil jusque dans ses plus fins retranchements, lesquels baignent dans une lumière jaune crème qui semble émaner de la toile même. Quelques projections de filaments de peinture perdurent, vestiges des compositions inaugurales de cette décennie riche en exploration plastique. L’œuvre se révèle au moyen d’une rythmique soutenue par les coups de lame, qui prolifèrent sur la toile telles des « gerbes gracieuses » et offrent par le fait même « une douceur presque étale [qui] remplace la force sauvage de naguère », conclut Schneider. En effet, les tableaux de cette fournée instillent un caractère plus organique à l’œuvre du « peintre de l’éveil », pour reprendre la belle expression de Georges Duthuit, qui y voit « l’immédiateté de la terre, des nerfs, de l’épiderme [qui] se déploient et fleurissent comme un seul homme ». (A. L.)
—
This vigorous small painting by Jean Paul Riopelle is from his celebrated mosaic period (1949–59), which launched his career and had a lasting impact on his reputation. In 1952, then in his early thirties, he settled into his very first studio at 52 rue Durantin, in Montmartre. Energized by his new-found freedom and the buzz of Parisian life, Riopelle developed a unique style consisting of small, dense strokes resembling mosaic tiles “Abundant and undiluted, the pigments rain down on the canvas in torrents and colour combinations from no known chromatic system; and as the palette knife crushes them, they blend into each other,” wrote Pierre Schneider. A vision thus begins to emerge, one painting at a time—“yes, but with the experience of the others,” Riopelle added. In 1954, he began exhibiting regularly at Pierre Matisse Gallery in New York and represented Canada at the Venice Biennale along with Paul-Émile Borduas and B.C. Binning. In June of that year, shortly before leaving Montmartre for a commune in Vanves and brimming with assertiveness, he painted the work presented here.
In this composition, cool tones provide freshness to countless criss-crossing and ascending palette-knife strokes, and the overall composition is warmed and illuminated by scattered flashes of white. Absolute contrasts create an inextricable network of shimmering, fluttering elements reminiscent of the surges of paint in his larger formats. The perfectly calibrated composition allows the eye to wander up to its very edges, which are bathed in a creamy yellow light that seems to emanate from the canvas itself. A few paint trails remain, vestiges of earlier compositions from a decade of intense formal exploration. This piece reveals itself through sustained, rhythmic marks that multiply across the surface like “graceful sheaves” and, in turn, offer “an almost-still softness that displaces the wild force of his recent work,” concludes Schneider. In fact, the paintings from this group instill a more organic feeling in the work of this “painter of awakening,” as described by Georges Duthuit, who saw in it “immediacies of earth, of nerves, of epidermis, [which] unfold and flower as one.”
Huile sur toile / Oil on canvas
Dimensions
33 x 24 cm / 13 x 9 ½ in
Signatures
signée au bas à droite; signée et datée « Riopelle 54 » au dos; signée et datée avec inscription « Riopelle juin 54 no 1 » sur le châssis / signed lower right; signed and dated “Riopelle 54” on verso; signed, dated and inscribed “Riopelle juin 54 no 1” on the stretcher
Provenances
Collection particulière / Private collection, Montréal
Pierre Matisse Gallery, New York
Bibliographie/Literature
DUTHUIT, Georges. “A Painter of Awakening: Jean-Paul Riopelle,” translated from the French by Samuel Beckett, in Riopelle: First American Exhibition (January 5–23, 1954), New York, Pierre Matisse Gallery, 1954.
GAGNON, François-Marc. Jean Paul Riopelle : Sa vie et son œuvre, Institut de l’art canadien, 2019. En ligne : <aci-iac.ca/fr/livres-dart/jean-paul-riopelle/> [ouvrage consulté en août 2023].
RIOPELLE, Yseult. Catalogue raisonné de Jean Paul Riopelle, tome 2, 1954-1959, Montréal, Hibou éditeurs, 2004. Œuvre reproduite en couleurs à la page 188. / Work reproduced in color on page 188. (Catalogue no 1954.081H.1954).
SCHNEIDER, Pierre, Georges DUTHUIT et Jean Paul RIOPELLE. Jean-Paul Riopelle : Peinture, 1946-1977, Paris, Centre Georges Pompidou, 1981.
Ce vigoureux petit tableau de Jean Paul Riopelle s’inscrit dans la célèbre période des mosaïques (1949-1959), celle qui propulse la carrière du peintre et contribue durablement à sa renommée. En 1952, le jeune trentenaire travaille dans son tout premier atelier, sis au 52, rue Durantin, à Montmartre. Énergisé par cette liberté nouvelle et le bourdonnement de la vie parisienne, il parvient à mettre au point un style unique, fait de petites touches denses qui évoquent les tessères de la mosaïque. « Les pigments, nombreux et non dilués, s’abattent sur la toile en rafales et en accords qui ne relèvent d’aucun système chromatique connu; puis le couteau, en les écrasant […] les fond les uns dans les autres », écrit Pierre Schneider. Une vision se profile, un tableau à la fois, « oui, mais avec l’expérience des autres », ajoute Riopelle. En 1954, il commence à exposer régulièrement à la Pierre Matisse Gallery, à New York, et il représente le Canada à la Biennale de Venise en compagnie de Paul-Émile Borduas et de B. C. Binning. En juin, cette année-là, à la veille de quitter Montmartre pour la commune de Vanves, il peint avec assurance le superbe tableau présenté ici.
Les tons froids irriguent une composition faite d’innombrables coups de couteau transversaux, puis ascendants, que des éclats épars illuminent ici et là pour réchauffer l’espace pictural. Les contrastes absolus créent un réseau inextricable de miroitements et de palpitations qui rappelle les poussées de matière des plus grands formats. Parfaitement calibrée, cette composition laisse circuler l’œil jusque dans ses plus fins retranchements, lesquels baignent dans une lumière jaune crème qui semble émaner de la toile même. Quelques projections de filaments de peinture perdurent, vestiges des compositions inaugurales de cette décennie riche en exploration plastique. L’œuvre se révèle au moyen d’une rythmique soutenue par les coups de lame, qui prolifèrent sur la toile telles des « gerbes gracieuses » et offrent par le fait même « une douceur presque étale [qui] remplace la force sauvage de naguère », conclut Schneider. En effet, les tableaux de cette fournée instillent un caractère plus organique à l’œuvre du « peintre de l’éveil », pour reprendre la belle expression de Georges Duthuit, qui y voit « l’immédiateté de la terre, des nerfs, de l’épiderme [qui] se déploient et fleurissent comme un seul homme ». (A. L.)
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This vigorous small painting by Jean Paul Riopelle is from his celebrated mosaic period (1949–59), which launched his career and had a lasting impact on his reputation. In 1952, then in his early thirties, he settled into his very first studio at 52 rue Durantin, in Montmartre. Energized by his new-found freedom and the buzz of Parisian life, Riopelle developed a unique style consisting of small, dense strokes resembling mosaic tiles “Abundant and undiluted, the pigments rain down on the canvas in torrents and colour combinations from no known chromatic system; and as the palette knife crushes them, they blend into each other,” wrote Pierre Schneider. A vision thus begins to emerge, one painting at a time—“yes, but with the experience of the others,” Riopelle added. In 1954, he began exhibiting regularly at Pierre Matisse Gallery in New York and represented Canada at the Venice Biennale along with Paul-Émile Borduas and B.C. Binning. In June of that year, shortly before leaving Montmartre for a commune in Vanves and brimming with assertiveness, he painted the work presented here.
In this composition, cool tones provide freshness to countless criss-crossing and ascending palette-knife strokes, and the overall composition is warmed and illuminated by scattered flashes of white. Absolute contrasts create an inextricable network of shimmering, fluttering elements reminiscent of the surges of paint in his larger formats. The perfectly calibrated composition allows the eye to wander up to its very edges, which are bathed in a creamy yellow light that seems to emanate from the canvas itself. A few paint trails remain, vestiges of earlier compositions from a decade of intense formal exploration. This piece reveals itself through sustained, rhythmic marks that multiply across the surface like “graceful sheaves” and, in turn, offer “an almost-still softness that displaces the wild force of his recent work,” concludes Schneider. In fact, the paintings from this group instill a more organic feeling in the work of this “painter of awakening,” as described by Georges Duthuit, who saw in it “immediacies of earth, of nerves, of epidermis, [which] unfold and flower as one.”