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Rita Letendre, Les nuits, 1962
Estimate:
CA$90,000 - CA$120,000
Starting bid:
CA$60,000
Sold
CA$96,000
Live Auction
BYDealers – Art canadien important / Important Canadian Art
ARTIST
Rita Letendre
Description
Techniques/Medium
Huile sur toile / Oil on canvas
Dimensions
92,7 x 125,7 cm / 36 ½ x 49 ½ in
Signatures
signée et datée au bas à droite; signée, datée et titrée au dos / signed and dated lower right, signed, dated and titled on verso
Provenances
Collection particulière / Private collection, Toronto
Heffel Fine Art Auction House, Post-War & Contemporary Art (1st Session), Vancouver, 17 May 2011 (lot 63)
Collection Gisèle et Gérard Lortie, Montréal
Bibliographie/Literature
NASGAARD, Roald. Abstract Painting in Canada, Vancouver, Douglas & McIntyre, et Halifax, Art Gallery of Nova Scotia, 2007.
PAIKOWSKY, Sandra. Rita Letendre: The Montreal Years, 1953–1963 / Rita Letendre : Les années montréalaises, 1953-1963, Montréal, Galerie d’art Concordia, 1989.
SNOW, Dean. « Abénakis », L’encyclopédie canadienne.
Si la thématique de la nuit est bien présente dans l’œuvre entier de Rita Letendre, elle fait son apparition au cours de la décennie 1960, lorsque l’échelle des figures prend de l’expansion sur la toile et que l’enchaînement des coups de spatule, qui s’accélère comme des battements d’ailes ou des flammes, génère des couleurs à la fois terreuses et éthérées. L’artiste en quête d’une expressivité et d’une force spirituelle libres se distancie rapidement de la démarche picturale des signataires du Refus global, qu’elle juge trop restrictive, afin de plonger dans son répertoire personnel. Le geste et la matière offrent dès lors un cadre plus lyrique à ses œuvres. Des tableaux plus grands voient le jour, dont certains sont exposés au Musée des beaux-arts de Montréal en 1961 avec ceux de son compagnon, Ulysse Comtois. Dans la remarquable huile Les nuits, datée de 1962, les masses noires semblent vivantes, organiques, soulevées de toutes parts par une force tellurique, traversées par des faisceaux de lumière et des tisons ardents allumés çà et là sous un terreau fertile. Letendre se fait démiurge de la peinture en plaçant le drame, l’intensité et l’énergie de la matière au centre d’une composition vibrante, là où une certaine pureté rejoint un cœur battant la chamade.
« C’est à cette époque que l’intérêt de Letendre pour ses propres origines amérindiennes se précise, suscité dit-elle par son nouvel intérêt pour l’art mexicain et précolombien », écrit Sandra Paikowsky, commissaire de l’exposition Rita Letendre : Les années montréalaises, 1953-1963, présentée à la Galerie d’art Concordia en 1989. En effet, dans Les nuits, la peintre propose une vision – ou une apparition – qu’elle semble puiser dans la culture de ses ancêtres. Selon la tradition et la spiritualité des Abénakis et des Wabanakis du Sud, Gici Niwaskw est le « Grand Esprit », le Créateur. Il s’agit d’un « être bienveillant et abstrait [qui] n’interagit pas directement avec les humains. Comme chez d’autres communautés algonquines, le Grand Esprit des histoires abénakises est rarement personnifié, et les légendes orales ne lui assignent pas de sexe en particulier », peut-on lire dans un article d’encyclopédie consacré aux Abénakis. Toujours selon la légende, cet esprit bienveillant serait à l’origine de la création du monde et, dans certains récits, on raconte qu’il aurait rempli la terre de vie, de couleur et de lumière. Paikowsky, dans son essai, reprend en quelque sorte cette idée : « La pâte généreuse, alliée à des zones de couleurs superposées, suggère un chaos agité comme si le monde ordonné et calme de ses images antérieures retrouvait enfin ses origines primitives. » (A. L.)
—
Night, as a theme, is quite present throughout Rita Letendre’s work; it first appeared in the early 1960s, when the scale of her figures expanded across the canvas and her quick palette-knife strokes, like beating wings or leaping flames, generated colours that were both earthy and ethereal. Seeking freer forms of expressive and spiritual power, she quickly distanced herself from the pictorial approach favoured by the signatories to the Refus global, which she considered too restrictive, and immersed herself in her personal repertoire. Her particular use of gesture and materials gave her works a more lyrical framework. She began producing larger pieces, some of which were presented at the Montreal Museum of Fine Arts in 1961, along with works by her companion, Ulysse Comtois. In her remarkable oil on canvas Les nuits, from 1962, black masses look alive and organic, lifted from all sides by some terrestrial force, shot through by beams of light and fiery embers that glow here and there under the fertile ground. Like a demiurge of painting, Letendre locates the drama, intensity, and energy of matter in the midst of a vibrant composition in which timeless purity meets a wildly beating heart.
“It was at this time that Letendre became more interested in her own aboriginal Indian origins which she has said was prompted by her new interest in Mexican and Pre-Columbian art,” writes Sandra Paikowsky, who curated the exhibition Rita Letendre. The Montreal Years/Les années montréalaises, 1953-1963, presented at the Concordia Art Gallery in 1989. Indeed, in Les nuits, Letendre depicts a kind of vision—or an apparition—that seems to have been drawn from her ancestral origins. In the Abenaki and southern Wabanaki spiritual tradition, Gici Niwaskw is the “Great Spirit” or Creator. In his Canadian Encyclopedia entry on the Abenaki, Dean Snow writes, “The Creator is a benevolent and abstract being who does not directly interact with humans. As in other Algonquian communities, the Great Spirit in Abenaki tales is rarely personified, and oral legends did not assign the Creator a gender.” In Abenaki legend, this benevolent spirit was present at the origin of the world, and, according to some tales, filled the earth with life, colour, and light. Paikowsky confirms this notion in her essay: “Lavish impasto in combination with layered zones of colour suggested a sense of chaotic unrest as though the previously ordered natural world of her images had returned to its primeval origins.”
Huile sur toile / Oil on canvas
Dimensions
92,7 x 125,7 cm / 36 ½ x 49 ½ in
Signatures
signée et datée au bas à droite; signée, datée et titrée au dos / signed and dated lower right, signed, dated and titled on verso
Provenances
Collection particulière / Private collection, Toronto
Heffel Fine Art Auction House, Post-War & Contemporary Art (1st Session), Vancouver, 17 May 2011 (lot 63)
Collection Gisèle et Gérard Lortie, Montréal
Bibliographie/Literature
NASGAARD, Roald. Abstract Painting in Canada, Vancouver, Douglas & McIntyre, et Halifax, Art Gallery of Nova Scotia, 2007.
PAIKOWSKY, Sandra. Rita Letendre: The Montreal Years, 1953–1963 / Rita Letendre : Les années montréalaises, 1953-1963, Montréal, Galerie d’art Concordia, 1989.
SNOW, Dean. « Abénakis », L’encyclopédie canadienne.
Si la thématique de la nuit est bien présente dans l’œuvre entier de Rita Letendre, elle fait son apparition au cours de la décennie 1960, lorsque l’échelle des figures prend de l’expansion sur la toile et que l’enchaînement des coups de spatule, qui s’accélère comme des battements d’ailes ou des flammes, génère des couleurs à la fois terreuses et éthérées. L’artiste en quête d’une expressivité et d’une force spirituelle libres se distancie rapidement de la démarche picturale des signataires du Refus global, qu’elle juge trop restrictive, afin de plonger dans son répertoire personnel. Le geste et la matière offrent dès lors un cadre plus lyrique à ses œuvres. Des tableaux plus grands voient le jour, dont certains sont exposés au Musée des beaux-arts de Montréal en 1961 avec ceux de son compagnon, Ulysse Comtois. Dans la remarquable huile Les nuits, datée de 1962, les masses noires semblent vivantes, organiques, soulevées de toutes parts par une force tellurique, traversées par des faisceaux de lumière et des tisons ardents allumés çà et là sous un terreau fertile. Letendre se fait démiurge de la peinture en plaçant le drame, l’intensité et l’énergie de la matière au centre d’une composition vibrante, là où une certaine pureté rejoint un cœur battant la chamade.
« C’est à cette époque que l’intérêt de Letendre pour ses propres origines amérindiennes se précise, suscité dit-elle par son nouvel intérêt pour l’art mexicain et précolombien », écrit Sandra Paikowsky, commissaire de l’exposition Rita Letendre : Les années montréalaises, 1953-1963, présentée à la Galerie d’art Concordia en 1989. En effet, dans Les nuits, la peintre propose une vision – ou une apparition – qu’elle semble puiser dans la culture de ses ancêtres. Selon la tradition et la spiritualité des Abénakis et des Wabanakis du Sud, Gici Niwaskw est le « Grand Esprit », le Créateur. Il s’agit d’un « être bienveillant et abstrait [qui] n’interagit pas directement avec les humains. Comme chez d’autres communautés algonquines, le Grand Esprit des histoires abénakises est rarement personnifié, et les légendes orales ne lui assignent pas de sexe en particulier », peut-on lire dans un article d’encyclopédie consacré aux Abénakis. Toujours selon la légende, cet esprit bienveillant serait à l’origine de la création du monde et, dans certains récits, on raconte qu’il aurait rempli la terre de vie, de couleur et de lumière. Paikowsky, dans son essai, reprend en quelque sorte cette idée : « La pâte généreuse, alliée à des zones de couleurs superposées, suggère un chaos agité comme si le monde ordonné et calme de ses images antérieures retrouvait enfin ses origines primitives. » (A. L.)
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Night, as a theme, is quite present throughout Rita Letendre’s work; it first appeared in the early 1960s, when the scale of her figures expanded across the canvas and her quick palette-knife strokes, like beating wings or leaping flames, generated colours that were both earthy and ethereal. Seeking freer forms of expressive and spiritual power, she quickly distanced herself from the pictorial approach favoured by the signatories to the Refus global, which she considered too restrictive, and immersed herself in her personal repertoire. Her particular use of gesture and materials gave her works a more lyrical framework. She began producing larger pieces, some of which were presented at the Montreal Museum of Fine Arts in 1961, along with works by her companion, Ulysse Comtois. In her remarkable oil on canvas Les nuits, from 1962, black masses look alive and organic, lifted from all sides by some terrestrial force, shot through by beams of light and fiery embers that glow here and there under the fertile ground. Like a demiurge of painting, Letendre locates the drama, intensity, and energy of matter in the midst of a vibrant composition in which timeless purity meets a wildly beating heart.
“It was at this time that Letendre became more interested in her own aboriginal Indian origins which she has said was prompted by her new interest in Mexican and Pre-Columbian art,” writes Sandra Paikowsky, who curated the exhibition Rita Letendre. The Montreal Years/Les années montréalaises, 1953-1963, presented at the Concordia Art Gallery in 1989. Indeed, in Les nuits, Letendre depicts a kind of vision—or an apparition—that seems to have been drawn from her ancestral origins. In the Abenaki and southern Wabanaki spiritual tradition, Gici Niwaskw is the “Great Spirit” or Creator. In his Canadian Encyclopedia entry on the Abenaki, Dean Snow writes, “The Creator is a benevolent and abstract being who does not directly interact with humans. As in other Algonquian communities, the Great Spirit in Abenaki tales is rarely personified, and oral legends did not assign the Creator a gender.” In Abenaki legend, this benevolent spirit was present at the origin of the world, and, according to some tales, filled the earth with life, colour, and light. Paikowsky confirms this notion in her essay: “Lavish impasto in combination with layered zones of colour suggested a sense of chaotic unrest as though the previously ordered natural world of her images had returned to its primeval origins.”