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Léon Bellefleur, Sans titre / Untitled, 1946
Estimate:
CA$12,000 - CA$15,000
Starting bid:
CA$7,000
Sold
CA$18,000
Live Auction
BYDealers – Art canadien important / Important Canadian Art
ARTIST
Léon Bellefleur
Description
Techniques/Medium
Huile sur carton / Oil on cardboard
Dimensions
30,5 x 35,6 cm / 12 x 14 ½ in
Signatures
signée et datée au bas à gauche / signed and dated lower left
Provenances
Collection particulière / Private collection, Montréal
Galerie Jean-Pierre Valentin, Montréal
Galerie Morency, Montréal
Bibliographie/Literature
ROBERT, Guy. Bellefleur ou la ferveur à l’œuvre, Montréal, Éditions Iconia, 1988. Œuvre reproduite à la page 108. / Work reproduced on page 108.
C’est en mars 1946, à la Maison des Compagnons, sise à Outremont, qu’a lieu la première exposition de Léon Bellefleur, dont les œuvres sont accompagnées par celles de ses enfants. Bellefleur est fasciné par l’univers surréaliste de Miró, Klee et Breton, les abstractions de Kandinsky et l’onirisme d’Alfred Pellan, artiste qu’il fréquente assidûment. En 1947, il rédige son Plaidoyer pour l’Enfant, « qui constitue sa profession de foi pédagogique et esthétique aussi bien que morale et spirituelle », écrit Guy Robert. L’année suivante, il adhère au manifeste Prisme d’yeux, rédigé par Jacques de Tonnancour et signé par 14 artistes partisans d’un « art vivant » qui s’oppose à l’académisme et aux idéologies radicales des Automatistes. Évoluant auprès de la jeunesse, l’instituteur, autant que le peintre, place au centre de son œuvre la fraîcheur qui l’entoure : « La maturité véritable, écrit-t-il dans son Plaidoyer, est celle de l’homme qui a conservé intacts ses dons d’enfance, qui les a développés, et qui a laissé tomber tout ce qui était sans rapport avec sa nature. »
Sans titre est peint durant ces années stimulantes faites de rencontres déterminantes, d’explorations et de jeux plastiques, dont le fameux cadavre exquis, qu’il pratique avec ses amis Mimi Parent, Jean Benoit, Albert Dumouchel et, plus tard, Roland Giguère. Cette huile s’inscrit dans la lignée esthétique du Poisson dans la ville (1946), appartenant au Musée des beaux-arts du Canada, et d’Hallucination (1946), aussi intitulé Tentation, tableau important qui trouve en la personne de François Hertel[1] son premier acquéreur. Sans titre, œuvre résolument plus personnelle dans la carrière de Bellefleur, et a fort probablement été incluse dans le lot exposé avec ses enfants. On y retrouve le même style naïf et coloré que dans les deux pièces précédentes, lesquelles sont également dominées par des tracés linéaires, des grattages et une peinture que l’on croirait en partie appliquée avec les doigts. Dans cette huile, l’amalgame de formes primaires rappelle les plateaux de jeu, animés par la roulette et les atouts du poker, le roulement des billes et le sept chanceux. Le prisme gravé d’un « R » sur une des faces semble être un clin d’oeil à son épouse, Rita Jolicoeur, avec qui il aura cinq enfants. Née en 1946, Aube est représentée par la figure aux menues lèvres rouges (A. L.)
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[1] François Hertel, de son vrai nom Rodolphe Dubé, était prêtre, poète, philosophe, essayiste, professeur et mémorialiste canadien. Il fut un « pittoresque personnage du monde culture québécois ».
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In March 1946, at the Maison des Compagnons in Outremont, Léon Bellefleur held his first exhibition, which also included artwork by his children. Bellefleur was fascinated by the surrealist worlds of Miró, Klee, and Breton, the abstractions of Kandinsky, and the onirism of Alfred Pellan, an artist whose company he keenly sought. In 1947, he wrote Plaidoyer pour l’Enfant (Plea for the Child), “which constituted his pedagogical and aesthetic manifesto as well as his moral and spiritual one,” as Guy Robert explains (our translation). The following year, he added his name to the Prisme d’yeux manifesto, written by Jacques de Tonnancour and signed by fourteen artists, in favour of a “living art” that stood against both academia and the radical ideology of the Automatistes. Working among young people, Bellefleur the instructor drew heavily, as Bellefleur the artist had, on the fresh energy that surrounded him: “True maturity,” he wrote in Plaidoyer pour l’Enfant, “is found in those who have preserved the gifts of childhood, developed them, and left behind all that is not in tune with his nature” (our translation).
Sans titre was painted during this inspiring period, full of decisive encounters, discoveries, and material play, such as the famous exquisite corpse that he carried out together with his friends Mimi Parent, Jean Benoit, Albert Dumouchel, and, later, Roland Giguère. This oil painting forms part of the same aesthetic lineage as Poisson dans la ville (1946), which is part of the National Gallery of Canada collection, and Hallucination (1946), also called Tentation, an important painting first purchased by François Hertel.[1] Sans titre is decidedly among Bellefleur’s more personal works, and was most likely presented in his first exhibition (the one that included his children’s works). It features the same colourful, naïve style that characterizes the two works mentioned above, which are also dominated by outlines, scratchings, and paint that seems to have been applied with the fingers. Here, the amalgamation of primary forms resembles a game board animated by a roulette wheel, poker game suits, rolling roulette balls, and a lucky number seven. The prism, engraved with the letter R on one side, could be an affectionate nod to his wife, Rita Jolicoeur, with whom he had five children. Their youngest, Aube, born in 1946, is represented by the face with the small red lips.
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[1] François Hertel, whose real name was Rodolphe Dubé, was a Canadian priest, poet, philosopher, essayist, professor and memorialist, “a colourful character in Quebec’s cultural scene.”
Huile sur carton / Oil on cardboard
Dimensions
30,5 x 35,6 cm / 12 x 14 ½ in
Signatures
signée et datée au bas à gauche / signed and dated lower left
Provenances
Collection particulière / Private collection, Montréal
Galerie Jean-Pierre Valentin, Montréal
Galerie Morency, Montréal
Bibliographie/Literature
ROBERT, Guy. Bellefleur ou la ferveur à l’œuvre, Montréal, Éditions Iconia, 1988. Œuvre reproduite à la page 108. / Work reproduced on page 108.
C’est en mars 1946, à la Maison des Compagnons, sise à Outremont, qu’a lieu la première exposition de Léon Bellefleur, dont les œuvres sont accompagnées par celles de ses enfants. Bellefleur est fasciné par l’univers surréaliste de Miró, Klee et Breton, les abstractions de Kandinsky et l’onirisme d’Alfred Pellan, artiste qu’il fréquente assidûment. En 1947, il rédige son Plaidoyer pour l’Enfant, « qui constitue sa profession de foi pédagogique et esthétique aussi bien que morale et spirituelle », écrit Guy Robert. L’année suivante, il adhère au manifeste Prisme d’yeux, rédigé par Jacques de Tonnancour et signé par 14 artistes partisans d’un « art vivant » qui s’oppose à l’académisme et aux idéologies radicales des Automatistes. Évoluant auprès de la jeunesse, l’instituteur, autant que le peintre, place au centre de son œuvre la fraîcheur qui l’entoure : « La maturité véritable, écrit-t-il dans son Plaidoyer, est celle de l’homme qui a conservé intacts ses dons d’enfance, qui les a développés, et qui a laissé tomber tout ce qui était sans rapport avec sa nature. »
Sans titre est peint durant ces années stimulantes faites de rencontres déterminantes, d’explorations et de jeux plastiques, dont le fameux cadavre exquis, qu’il pratique avec ses amis Mimi Parent, Jean Benoit, Albert Dumouchel et, plus tard, Roland Giguère. Cette huile s’inscrit dans la lignée esthétique du Poisson dans la ville (1946), appartenant au Musée des beaux-arts du Canada, et d’Hallucination (1946), aussi intitulé Tentation, tableau important qui trouve en la personne de François Hertel[1] son premier acquéreur. Sans titre, œuvre résolument plus personnelle dans la carrière de Bellefleur, et a fort probablement été incluse dans le lot exposé avec ses enfants. On y retrouve le même style naïf et coloré que dans les deux pièces précédentes, lesquelles sont également dominées par des tracés linéaires, des grattages et une peinture que l’on croirait en partie appliquée avec les doigts. Dans cette huile, l’amalgame de formes primaires rappelle les plateaux de jeu, animés par la roulette et les atouts du poker, le roulement des billes et le sept chanceux. Le prisme gravé d’un « R » sur une des faces semble être un clin d’oeil à son épouse, Rita Jolicoeur, avec qui il aura cinq enfants. Née en 1946, Aube est représentée par la figure aux menues lèvres rouges (A. L.)
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[1] François Hertel, de son vrai nom Rodolphe Dubé, était prêtre, poète, philosophe, essayiste, professeur et mémorialiste canadien. Il fut un « pittoresque personnage du monde culture québécois ».
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In March 1946, at the Maison des Compagnons in Outremont, Léon Bellefleur held his first exhibition, which also included artwork by his children. Bellefleur was fascinated by the surrealist worlds of Miró, Klee, and Breton, the abstractions of Kandinsky, and the onirism of Alfred Pellan, an artist whose company he keenly sought. In 1947, he wrote Plaidoyer pour l’Enfant (Plea for the Child), “which constituted his pedagogical and aesthetic manifesto as well as his moral and spiritual one,” as Guy Robert explains (our translation). The following year, he added his name to the Prisme d’yeux manifesto, written by Jacques de Tonnancour and signed by fourteen artists, in favour of a “living art” that stood against both academia and the radical ideology of the Automatistes. Working among young people, Bellefleur the instructor drew heavily, as Bellefleur the artist had, on the fresh energy that surrounded him: “True maturity,” he wrote in Plaidoyer pour l’Enfant, “is found in those who have preserved the gifts of childhood, developed them, and left behind all that is not in tune with his nature” (our translation).
Sans titre was painted during this inspiring period, full of decisive encounters, discoveries, and material play, such as the famous exquisite corpse that he carried out together with his friends Mimi Parent, Jean Benoit, Albert Dumouchel, and, later, Roland Giguère. This oil painting forms part of the same aesthetic lineage as Poisson dans la ville (1946), which is part of the National Gallery of Canada collection, and Hallucination (1946), also called Tentation, an important painting first purchased by François Hertel.[1] Sans titre is decidedly among Bellefleur’s more personal works, and was most likely presented in his first exhibition (the one that included his children’s works). It features the same colourful, naïve style that characterizes the two works mentioned above, which are also dominated by outlines, scratchings, and paint that seems to have been applied with the fingers. Here, the amalgamation of primary forms resembles a game board animated by a roulette wheel, poker game suits, rolling roulette balls, and a lucky number seven. The prism, engraved with the letter R on one side, could be an affectionate nod to his wife, Rita Jolicoeur, with whom he had five children. Their youngest, Aube, born in 1946, is represented by the face with the small red lips.
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[1] François Hertel, whose real name was Rodolphe Dubé, was a Canadian priest, poet, philosopher, essayist, professor and memorialist, “a colourful character in Quebec’s cultural scene.”