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Lot Is Closed
31
Paul-Émile Borduas, Ramage, 1956
Estimate:
CA$400,000 - CA$500,000
Sold
CA$420,000
Timed Auction
BYDealers – Art canadien important / Important Canadian Art
ARTIST
Paul-Émile Borduas
Description
Techniques/Medium
Huile sur toile / Oil on canvas
Dimensions
59,7 x 72,4 cm / 23 ½ x 28 ½ in
Signatures
signée et datée au bas à droite; estampilles de l'encadreur sur le châssis et au dos / signed and dated lower right; stamps from the framer on the stretcher and on verso
Provenances
Acquis par Gérard Lortie à l’atelier de Borduas en 1958.
Galerie Agnès Lefort, Montréal
Collection particulière / Private collection, Montréal

No de catalogue raisonné / Catalogue No.: 2005-1343

Bibliographie/Literature
BORDUAS, Paul-Émile. Écrits II, tome 2 : 1954-1960, édition critique par André-G. BOURASSA, et Gilles LAPOINTE, Montréal, Presses de l’Université de Montréal (BNM), 1997.
DE REPENTIGNY, Rodolphe. « Cinq années dans l’art de Borduas : Une unité poétique », La Presse, 28 mai 1958, p. 20.
GAGNON, François-Marc. Paul-Émile Borduas, Montréal, Musée des beaux-arts de Montréal, 1988.
GAGNON, François-Marc. Paul-Émile Borduas (1905-1960) : Biographie critique et analyse de l’œuvre, Montréal, Fides, 1978. Mention de l’œuvre aux pages 440, 441, 444, 500 et 535, ainsi que dans la note de bas de page 13. / Mention of the work on pages 440, 441, 444, 500 and 535, as well as the footnote 13.
GAGNON, François-Marc. Paul-Émile Borduas: A Critical Biography, translated from the French by Peter Feldstein, Montréal and Kingston, McGill-Queens’s University Press, 2013. Mention de l’œuvre aux pages 430 et 435. / Mention of the work on pages 430 and 435.
Exposition/Exhibition
Cinq années de Borduas, Galerie Agnès Lefort, Montréal, du 26 mai au 7 juin 1958

Quand il peint Ramage en 1956, Paul-Émile Borduas est à la veille d’accomplir ce qu’il nommera dans ses lettres un « bond simplificateur », c’est-à-dire le passage aux noir et blanc. « Mais les noir et blanc de Borduas sont impensables sans une prise de possession de la surface picturale proprement dite », écrit l’historien de l’art François-Marc Gagnon. Ainsi, le présent tableau, produit au début de son séjour parisien, porte à la fois les marques de l’influence de l’expressionnisme abstrait américain et celles de son éventuelle distanciation. Dans son sillage, on trouve les huiles sur toile Jardin d’hiver (1955-1956, collection Pierre Lassonde) et La grimpée (1956, collection du Musée des beaux-arts du Canada), qui comptent parmi les plus révélatrices de cette période de transformation dans la carrière de l’artiste.

D’entrée de jeu, la composition de Ramage met de l’avant l’activité impétueuse des masses, la souplesse et les coudées franches s’inscrivant dans la facture des travaux new-yorkais du peintre, lequel parvient avec finesse et légèreté à une certaine désinvolture dans le traitement pictural. L’œil est sollicité de toutes parts, autant dans la périphérie qu’au centre, où un amalgame d’empâtements soutient des éclats de pigments purs allant du rouge au vert éclatant en passant par les jaunes citronnés et les bruns de Sienne. Les blancs onctueux arrivent en renfort parmi les enfilades de couleurs pures pour dilater l’espace. Il en résulte un mouvement de rondes et de vrilles où toute la surface semble animée par des bruissements d’ailes et des gazouillis, qui traduisent parfaitement l’esprit du tableau. En effet, le « ramage » est le chant des oiseaux dans les branches, quand il n’est pas lui-même rameaux et branchages, ou dessin accompagné d’arabesques. Rare vestige de cette courte période, Ramage incarne la force d’évocation et l’équilibre fragile d’une peinture en plein épanouissement.

Installé dans son atelier de la rue Rousselet, à Paris, Borduas traverse une période d’intense créativité qui donne lieu à de nombreuses expositions et acquisitions, ainsi qu’à une vente spectaculaire de tableaux destinés à la galeriste Martha Jackson. À cela s’ajoute une visite de son ami et collectionneur Gérard Lortie, qui permet de concrétiser la tenue d’une rétrospective de ses travaux abstraits de 1941 à 1956, exposition qui sera présentée à la Gallery of Contemporary Art, à Toronto, l’année suivante. Certains tableaux de la fournée de 1956 – dont Chatoiement, Épanouissement, Le dégel et Ramage[1] – sont toutefois retenus pour une exposition ultérieure, qui aura lieu à la Galerie Agnès Lefort, à Montréal, du 26 mai au 7 juin 1958. L’exposition Cinq années de Borduas, également une initiative de Lortie, sera l’occasion d’apprécier l’évolution des thèmes plastiques dans l’œuvre de Borduas, depuis ses années new-yorkaises jusqu’à ses récentes percées. Elle fera l’objet de nombreuses critiques éloquentes, notamment de la part de Rodolphe de Repentigny, qui verra dans le corpus de 1956 « une gravité de ton où les couleurs primaires, comme le rouge, le vert ou le jaune, à l’état pur, apparaissent comme des blessures même s’il n’y en a qu’une trace ». Cette observation, il va sans dire, vaut aussi pour Ramage, comme le témoignage des grandes métamorphoses qui ont cours cette année-là.

(Annie Lafleur)


[1] Une liste de 15 tableaux est proposée dans une lettre adressée à Gérard Lortie le 24 février 1958, ainsi que dans l’avis d’expédition daté du 24 mars 1958. L’exposition Cinq années de Borduas compte 17 tableaux, soit le nombre indiqué par le journaliste Robert Ayre dans une critique publiée dans The Star le 24 mai 1958.



When he painted Ramage in 1956, Paul-Émile Borduas was on the verge of taking what he would later call in his letters “a simplifying leap”—that is, a move toward black and white. “But Borduas’s black-and-white paintings are inconceivable unless he takes possession of the actual pictorial surface,” wrote the art historian François-Marc Gagnon. Thus, this painting, produced at the beginning of his stay in Paris, bears both the influential marks of American Abstract Expressionism and those of his eventual detachment from it. In its wake are the oil-on-canvas works Jardin d’hiver (1955–56, collection of Pierre Lassonde) and La grimpée (1956, collection of the National Gallery of Canada), which are among the most revelatory pieces from this transformational period in Borduas’s career.

From the outset, the composition of Ramage emphasizes the impetuous movement of mass, the suppleness, and the complete freedom that are part of the skill behind Borduas’s New York paintings. Here, with finesse and agility, he manages to achieve a certain offhanded quality in his execution of the work. Our gaze is drawn in from all sides, as much toward the periphery as toward the centre, where an amalgam of impastos yields bursts of pure pigment that range from red to bright green to lemony yellows and sienna browns. Reinforcing the whole are creamy whites that help to expand the space between the successions of colour. The result is curving, twisting movements in which the entire surface seems animated by chirps and the flutter of wings, which perfectly conveys the spirit of this piece. Indeed, ramage is the sound of warbling birds in trees, but also a bunch of branches or foliage, or an arabesque design. A rare vestige of this brief period, Ramage embodies the evocative force and fragile balance of a painting in full bloom.

Once settled in his studio on rue Rousselet, in Paris, Borduas entered a period of intense creativity that led to numerous exhibitions and acquisitions, as well as a remarkable sale of paintings to the gallerist Martha Jackson. In addition, a visit from his friend and collector Gérard Lortie helped bring to fruition a retrospective of his abstract works from 1941 to 1956 at Toronto’s Gallery of Contemporary Art the following year. A few paintings from this 1956 group—including Chatoiement, Épanouissement, Le dégel, and Ramage[1]—were held back for an exhibition at Galerie Agnès Lefort in Montreal that took place from May 26 to June 7, 1958. The exhibition Cinq années de Borduas, another initiative by Lortie, provided an opportunity to assess the evolution of the formal themes in his work from his New York years to his latest breakthroughs. The exhibition drew many rave reviews, including one from Rodolphe de Repentigny, who saw in the 1956 body of work “a gravity of tone in which the pure primary colours—such as the red, the green, and the yellow—look like wounds even where there are just traces of them.” Needless to say, this observation also applies to Ramage, as testimony to the great metamorphoses that took place that year.


[1] A list of 15 paintings was proposed in a letter addressed to Gérard Lortie on February 24, 1958, as well as on the shipping notice dated March 24, 1958. The exhibition Cinq années de Borduas included 17 paintings, as indicated by the journalist Robert Ayre in his review published in The Star on May 24, 1958.