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Jean Paul Lemieux, Le train, c. 1968
Estimate:
CA$35,000 - CA$45,000
Sold
CA$40,800
Timed Auction
BYDealers – Art canadien important / Important Canadian Art
ARTIST
Jean Paul Lemieux
Description
Techniques/Medium
Huile sur toile / Oil on canvas
Dimensions
14,6 x 28 cm / 5 ¾ x 11 in
Signatures
signée au bas à droite / signed lower right
Provenances
Collection particulière / Private collection, Québec
Bibliographie/Literature
GRANDBOIS, Michèle. Jean Paul Lemieux : De silence et d’espace, Québec, Musée national des beaux-arts du Québec, 2007.
PORTER, John R., et Pierre THÉBERGE (dir./Ed.). Hommage à Jean Paul Lemieux / Homage to Jean Paul Lemieux, Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada, 2004.
ROBERT, Guy. Jean Paul Lemieux : La poétique de la souvenance, Québec, Garneau, 1968.
CARANI, Marie. Jean Paul Lemieux, Québec, Musée du Québec et Publications du Québec, 1992.
Les pittoresques scènes d’hiver de Jean Paul Lemieux ont marqué l’imaginaire canadien avec leurs espaces majestueux et infinis. De moindre envergure, mais tout aussi éloquents et remplis de mystère, les tableaux plus intimistes du peintre misent sur des cadrages resserrés et expressifs. À cette époque, Lemieux, qui trouve les formats classiques « ennuyeux », s’intéresse de plus en plus aux supports de format atypique et aux cadrages cinématographiques, qu’il met au service d’une rigueur formelle traduisant une conception très personnelle du monde, une weltanschauung. Dans Le train (c. 1968), il déploie son arsenal esthétique le plus convaincant, auquel il ajoute avec brio la force du récit. L’« effet Lemieux » prend tout son sens dans cette œuvre, où l’espace et le temps, entièrement imaginés par le peintre, se réduisent à quelques lignes et à quelques masses englouties dans un champ pictural minimaliste.
L’artiste brosse ici un délicat camaïeu adouci par la lumière diffuse de la lune, dont le scintillement se répercute dans la traînée lumineuse des maisons au loin, lesquelles sont comme suspendues au-dessus de la ligne d’horizon. À l’extrémité opposée, le phare allumé du train qui file à vive allure dans la nuit se reflète dans la neige poudreuse. La vaste étendue blanche se cristallise dans une scène épique d’une simplicité à la fois désarmante et redoutable qui ne laisse personne indifférent. Cette composition n’est pas sans rappeler le célèbre Train de midi (1956, collection du Musée des beaux-arts du Canada), peint 10 ans plus tôt, et Le rapide (1968, collection du Musée national des beaux-arts du Québec). Les propos de Lemieux recueillis par Guy Robert sont éloquents quant à la place de ce motif dans son œuvre : « J’ai souvent voyagé en train, parce qu’on a le temps de voir venir le paysage, de le laisser apparaître et s’étaler, puis disparaître. C’est un spectacle fascinant qu’on voit défiler tranquillement sous sa fenêtre. » (A. L.)
—
Jean Paul Lemieux’s picturesque winter scenes have sparked the Canadian imagination with their depictions of infinite, majestic spaces. Smaller in scale, but just as eloquent and mysterious, these intimate scenes play out beautifully within their tighter, expressive frames. During the period that this painting was produced, Lemieux, who considered traditional formats uninspiring, found himself increasingly drawn to atypical sizes and cinematic framing, which supported a formal rigour bespeaking a personal worldview, a Weltanschauung. In Le train, circa 1968, Lemieux deploys his most convincing aesthetic arsenal, into which he brilliantly injects the power of narrative. The “Lemieux effect” takes on its full meaning in this painting, in which space and time, entirely imagined by the artist, are reduced to a few masses and lines swallowed up in a minimalist pictorial field.
Lemieux’s delicate gradient is softened by the diffused light of the moon, the shimmer of which is echoed in the twinkling line of distant houses that seem to hover above the horizon line. Opposite them, the train’s headlight shines across the powdery snow as it swiftly cuts through the night. The vast, white expanse is crystallized in an epic scene of disarming though formidable simplicity that never fails to impress. This composition also brings to mind his celebrated Train de midi (1956, collection of the National Gallery of Canada), painted 10 years earlier, and Le rapide (1968, collection of the Musée national des beaux-arts du Québec). As Guy Robert noted, Lemieux’s own words eloquently expressed the significance of this motif in his work: “I’ve often travelled by train because you have the time to see the landscape coming, to let it appear, spread out, and then disappear. It’s a fascinating spectacle that simply floats past your window.”
Huile sur toile / Oil on canvas
Dimensions
14,6 x 28 cm / 5 ¾ x 11 in
Signatures
signée au bas à droite / signed lower right
Provenances
Collection particulière / Private collection, Québec
Bibliographie/Literature
GRANDBOIS, Michèle. Jean Paul Lemieux : De silence et d’espace, Québec, Musée national des beaux-arts du Québec, 2007.
PORTER, John R., et Pierre THÉBERGE (dir./Ed.). Hommage à Jean Paul Lemieux / Homage to Jean Paul Lemieux, Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada, 2004.
ROBERT, Guy. Jean Paul Lemieux : La poétique de la souvenance, Québec, Garneau, 1968.
CARANI, Marie. Jean Paul Lemieux, Québec, Musée du Québec et Publications du Québec, 1992.
Les pittoresques scènes d’hiver de Jean Paul Lemieux ont marqué l’imaginaire canadien avec leurs espaces majestueux et infinis. De moindre envergure, mais tout aussi éloquents et remplis de mystère, les tableaux plus intimistes du peintre misent sur des cadrages resserrés et expressifs. À cette époque, Lemieux, qui trouve les formats classiques « ennuyeux », s’intéresse de plus en plus aux supports de format atypique et aux cadrages cinématographiques, qu’il met au service d’une rigueur formelle traduisant une conception très personnelle du monde, une weltanschauung. Dans Le train (c. 1968), il déploie son arsenal esthétique le plus convaincant, auquel il ajoute avec brio la force du récit. L’« effet Lemieux » prend tout son sens dans cette œuvre, où l’espace et le temps, entièrement imaginés par le peintre, se réduisent à quelques lignes et à quelques masses englouties dans un champ pictural minimaliste.
L’artiste brosse ici un délicat camaïeu adouci par la lumière diffuse de la lune, dont le scintillement se répercute dans la traînée lumineuse des maisons au loin, lesquelles sont comme suspendues au-dessus de la ligne d’horizon. À l’extrémité opposée, le phare allumé du train qui file à vive allure dans la nuit se reflète dans la neige poudreuse. La vaste étendue blanche se cristallise dans une scène épique d’une simplicité à la fois désarmante et redoutable qui ne laisse personne indifférent. Cette composition n’est pas sans rappeler le célèbre Train de midi (1956, collection du Musée des beaux-arts du Canada), peint 10 ans plus tôt, et Le rapide (1968, collection du Musée national des beaux-arts du Québec). Les propos de Lemieux recueillis par Guy Robert sont éloquents quant à la place de ce motif dans son œuvre : « J’ai souvent voyagé en train, parce qu’on a le temps de voir venir le paysage, de le laisser apparaître et s’étaler, puis disparaître. C’est un spectacle fascinant qu’on voit défiler tranquillement sous sa fenêtre. » (A. L.)
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Jean Paul Lemieux’s picturesque winter scenes have sparked the Canadian imagination with their depictions of infinite, majestic spaces. Smaller in scale, but just as eloquent and mysterious, these intimate scenes play out beautifully within their tighter, expressive frames. During the period that this painting was produced, Lemieux, who considered traditional formats uninspiring, found himself increasingly drawn to atypical sizes and cinematic framing, which supported a formal rigour bespeaking a personal worldview, a Weltanschauung. In Le train, circa 1968, Lemieux deploys his most convincing aesthetic arsenal, into which he brilliantly injects the power of narrative. The “Lemieux effect” takes on its full meaning in this painting, in which space and time, entirely imagined by the artist, are reduced to a few masses and lines swallowed up in a minimalist pictorial field.
Lemieux’s delicate gradient is softened by the diffused light of the moon, the shimmer of which is echoed in the twinkling line of distant houses that seem to hover above the horizon line. Opposite them, the train’s headlight shines across the powdery snow as it swiftly cuts through the night. The vast, white expanse is crystallized in an epic scene of disarming though formidable simplicity that never fails to impress. This composition also brings to mind his celebrated Train de midi (1956, collection of the National Gallery of Canada), painted 10 years earlier, and Le rapide (1968, collection of the Musée national des beaux-arts du Québec). As Guy Robert noted, Lemieux’s own words eloquently expressed the significance of this motif in his work: “I’ve often travelled by train because you have the time to see the landscape coming, to let it appear, spread out, and then disappear. It’s a fascinating spectacle that simply floats past your window.”