Return to BYDEALERS.COM
  Back to Auction
11
Jean-Paul Lemieux, Printemps à Québec-Ouest, 1968
Estimate:
CA$600,000 - CA$800,000
Ended
Timed Auction
BYDealers – Art canadien important / Important Canadian Art
ARTIST
Jean-Paul Lemieux
Description
Techniques/Medium
Huile sur toile / Oil on canvas
Dimensions
56 x 135,5 cm / 22 x 53 ½ in
Signatures
signée et datée en bas à droite / signed and dated lower right
Provenances
Mira Godard Gallery, Toronto
Collection privée / Private collection, Toronto
Galerie Lacerte art contemporain, Montréal
Les Enchères BYDealers Auction House, Vente d'art canadien / Canadian Art Sale, Montréal, 31 mai 2018 (Lot 7)
Collection particulière / Private collection, Montréal

Bibliographie/Literature
GRANDBOIS, Michèle. Jean Paul Lemieux. De silence et d’espace, Québec, Musée national des beaux-arts du Québec, 2007.
GRANDBOIS, Michèle, Madeleine LACERTE, Anne Sophie LEMIEUX, John R. PORTER et Pierre THÉBERGE. Homage to Jean Paul Lemieux / Hommage à Jean Paul Lemieux, Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada, 2004.
ROBERT, Guy. Jean Paul Lemieux : La poétique de la souvenance, Québec, Garneau, 1968.
CARANI, Marie. Jean Paul Lemieux, Québec, Musée du Québec et Publications du Québec, 1992.

Dans Printemps à Québec-Ouest (1968), Jean Paul Lemieux dépeint trois personnages qui errent dans un quartier aux bâtiments rouge brique, semblables à ceux aperçus quatre ans plus tôt dans deux œuvres majeures, La nuit à Québec-Ouest (1964, collection Pierre Lassonde) et Nuit sans étoiles (1964, collection London Regional Art Gallery, aujourd’hui Museum London). Ici, le décor est campé de jour, sous un voile nuageux qui laisse filtrer une lumière bleutée capable de faire fondre la neige au sol jusqu’à l’arrivée imminente du printemps. Les promeneurs, qui ont déjà quitté leur écharpe et leurs mitaines, laissent voir des zones de peau nue. Le cadrage se resserre sur une ville fantomatique et pourtant bien réelle, une ville barricadée dont les toits et les façades – éléments structurants de la composition – sont tronqués des deux côtés et en haut de la toile pour converger vers la figure féminine centrale.

L’horizon est inaccessible derrière le mur des habitations. L’œil est perpétuellement redirigé vers le centre du tableau : il ricoche sur les deux personnages latéraux sans jamais parvenir à s’échapper de l’espace pictural. À ce sujet, Marie Carani note que « la figure détachée, fragmentée sur les côtés de l’image, énigmatique, qui se détache du “fond” enregistre des chocs perceptifs, tandis que le sens et les affects s’ensuivent. Aussi découpées et présentées parfois en silhouette, ces figures occupent les périphéries droite ou gauche de l’image, ce qui renforce encore le sens du dramatique ». De fait, le regard se pose là où l’artiste fonde tous ses espoirs, c’est-à-dire sur la jeune fille aux pupilles minuscules dans leur orbite voilée. En nous fixant de la sorte, la figure toise aussi l’horizon derrière nous. La contemplation est par conséquent inversée : nous devenons le paysage qui libère les personnages de leur enclave. Une interprétation qui, à l’issue d’une œuvre mature et parfaitement composée, augure un dénouement nuancé.

À cette époque, Lemieux s’intéresse de plus en plus aux formats atypiques des supports, jugeant « les formats classiques ennuyeux », et aux cadrages cinématographiques, tous au service d’une rigueur formelle traduisant une conception très personnelle du monde, une Weltanschauung. Quelques œuvres de Lemieux explorent plus frontalement ses visions dystopiques du monde – sans toutefois perdre de vue la stylisation plastique –, notamment Québec brûle (1967) et The Aftermath (1968). Printemps à Québec-Ouest se dérobe à toute tentative de catégorisation fixe, chargée à la fois du passé, du présent et du futur de l’art de Lemieux. Qui plus est, ce tableau charnière rassemble tous les motifs ayant fait la marque du peintre au cours de sa carrière : paysage désolé, décor urbain en porte-à-faux, figures fragmentées et énigmatiques, horizon qui tangue, cycle des saisons et condition humaine. Une œuvre qui fait montre d’espoir et d’élévation au moment où le travail de l’artiste est consacré et récompensé, ici et ailleurs.

« Dès la fin des années 1950 et durant toute la décennie suivante, la réputation de Jean Paul Lemieux ne cesse de croître de façon spectaculaire aussi bien au pays qu’à l’étranger. Des expositions exclusives lui sont consacrées à Vancouver, à Toronto, à Montréal et à Québec, et ses œuvres sont incluses dans quatre expositions biennales du Musée des beaux‑arts du Canada. Ses tableaux sont intégrés à des expositions d’art canadien à la Biennale de Sao Paulo, à l’Exposition internationale de Bruxelles, au Museum of Modern Art de New York, à la Tate Gallery de Londres et au Musée Galliera à Paris et il représente, en outre, le Canada lors de la Biennale de Venise en 1960[1]. En 1966, Jean Paul Lemieux devient membre de l’Académie royale des arts du Canada. En 1967, l’artiste est décoré de la médaille du Conseil des arts du Canada et en 1968, fait compagnon de l’Ordre du Canada.

(Annie Lafleur)

-----
[1] LACROIX, Laurier. « Jean Paul Lemieux », L’encyclopédie canadienne. En ligne : (page consultée en octobre 2022).



In Printemps à Québec-Ouest (1968), Jean Paul Lemieux depicts three figures wandering through a neighbourhood of red brick buildings, quite like those found in two other key works four years earlier: La nuit à Québec-Ouest (1964, collection of Pierre Lassonde) and Nuit sans étoiles (1964, collection of the London Regional Art Gallery, now Museum London). Here, the scene is set in daylight, under a veil of clouds filtering a bluish light sufficient to melt the fallen snow before spring’s imminent arrival. The strolling figures have removed scarves and mittens, tentatively exposing areas of bare skin. The painting draws in tightly on a ghostly but real town, its roofs and barricaded facades—the composition’s structural elements—truncated on either side of the canvas and on top, converging toward the central female figure.

Cut off behind the cluster of closed buildings, the horizon cannot be seen. The eye is thus perpetually redirected toward the centre of the painting, ricocheting between the two lateral figures yet unable to escape the pictorial space. Of this element, Maria Carani notes: “the detached, fragmented figure on the left of the painting, enigmatic and set off from the background, evinces a kind of perceptive shock, with meaning and affect following after. Portrayed as cut-outs or silhouettes, the figures occupy the painting’s right and left margins, further reinforcing a sense of the dramatic” (translation ours). Indeed, the viewer’s gaze alights upon the object of the artist’s hopes: the young girl, her tiny pupils nestled in veiled orbits. Regarding us in like manner, she scrutinizes the horizon behind us. The contemplation is thus reversed: we become the landscape that frees these characters from their enclave—an interpretation which, drawn from a mature work, perfectly composed, portends a dénouement of a certain nuance.

At that time, Lemieux found himself increasingly drawn to atypical formats and supports—he considered traditional formats uninspiring—and to a more cinematic framing, which supported a formal rigour bespeaking an intimate worldview, a Weltanschauung. In a few works, such as Québec brûle (1967) and The Aftermath (1968), Lemieux explored his dystopian vision of the world directly, yet kept his stylistic sensibility within reach. For its part, Printemps à Québec-Ouest eludes fixed categories, manifesting at once the whole of Lemieux’s work—past, present, and future. What’s more, this pivotal painting brings together every element that marked the artist’s oeuvre: desolate landscapes, cantilevered urban settings, fragmented and enigmatic figures, sloped horizons, seasonal cycles, and the human condition. It is a piece that evokes hope and uplift at a moment when the artist’s work became fully acclaimed and rewarded, here and elsewhere.

At the end of the 1950s and throughout the decade that followed, Lemieux’s reputation experienced spectacular growth, both at home and abroad. He was honoured with solo exhibitions in Vancouver, Toronto, Montreal, and Quebec City, and his works were included in four biennial exhibitions at the National Gallery of Canada. His paintings were also shown in the context of exhibitions on Canadian art at the São Paolo Biennale, the Brussels World Fair, the Museum of Modern Art in New York, the Tate Gallery in London, and the Musée Galliera in Paris. He also represented Canada at the Venice Biennale in 1960.[1] In 1966, Lemieux became a member of the Royal Canadian Academy of Arts. In 1967, he won the Canada Council Medal, and, in 1968, was appointed a Companion of the Order of Canada.

-----
[1]Laurier Lacroix, “Jean Paul Lemieux,” The Canadian Encyclopedia: http://www.thecanadianencyclopedia.ca/en/article/jean-paul-lemieux/ (accessed October 2022).
Condition
Encadrée / Framed