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Jean Paul Lemieux, L'heure du train, 1966
Estimate:
CA$250,000 - CA$350,000
Sold
CA$228,000
Timed Auction
BYDealers – Art d’après-guerre & contemporain / Post-War & Contemporary Art
ARTIST
Jean Paul Lemieux
Description
Technique / Medium:
Huile sur panneau / Oil on panel
Dimensions:
47 x 92,7 cm / 18 ½ x 36 ½ in
Signature:
signée et datée au bas à gauche; signée, titrée et datée au dos / signed and dated lower left; signed, titled and dated verso
Provenance:
Collection particulière / Private collection, Montréal
Bibliographie / Literature:
GRANDBOIS, Michèle, Madeleine LACERTE, Anne Sophie LEMIEUX, John R. PORTER et Pierre THÉBERGE. Homage to Jean Paul Lemieux / Hommage à Jean Paul Lemieux, Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada, 2004. Œuvre reproduite en couleurs (fig. 42). / Work reproduced in color (fig. 42).
ROBERT, Guy. Jean Paul Lemieux : La poétique de la souvenance, Québec, Éditions Garneau, 1968.
Exposition / Exhibition:
Homage to Jean Paul Lemieux / Hommage à Jean Paul Lemieux, Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada, Ottawa, du 22 octobre 2004 au 2 janvier 2005; Musée national des beaux-arts du Québec, Québec, du 2 février au 24 avril 2005; McMichael Canadian Art Collection, Kleinburg, du 4 juin au 5 septembre 2005
Jean Paul Lemieux : Exposition rétrospective, Galerie Jean-Pierre Valentin, Montréal, du 12 au 26 septembre 2009
Dans L’heure du train, œuvre datée de 1966, Jean Paul Lemieux déploie son arsenal esthétique le plus convaincant, auquel il ajoute la force du récit, si brillamment illustré dans cette scène d’hiver. L’« heure du train » est celle de son arrivée en gare : une petite baraque rouge vers laquelle affluent les voitures et les gens dispersés tout autour, minuscules points marron sur l’épais tapis de neige. Un nuage de fumée s’échappe de la cheminée de la gare, ainsi que du train, qui s’apprête à freiner. Les retrouvailles sont au cœur de cette scène pittoresque où les voyageurs salueront leurs proches venus à leur rencontre. Si Lemieux n’est pas un peintre régionaliste, son imagerie s’étend aux confins du pays qui l’a vu naître pour toucher à une expérience universelle, rassembleuse et humaine. Les traces de pneus sur le chemin laissent deviner une fin d’hiver au temps doux, lorsque la chaussée est glissante sous la neige fondante. Le regard est happé de plein fouet par cette ligne de fuite qui s’ouvre en ciseaux et déborde le tableau, dans le coin inférieur droit, là où l’histoire commence.
L’« effet Lemieux » prend tout son sens dans L’heure du train, où l’espace et le temps, entièrement imaginés par le peintre, se réduisent à quelques lignes et à quelques masses englouties dans un champ texturé à la spatule. Le ciel gris semble s’éclaircir dans le coin supérieur gauche du tableau : une lumière qui se reflète sur la plaine enneigée. L’angle adopté pour la composition et l’horizon légèrement instable donnent au spectateur l’impression de marcher lui-même sur l’accotement en direction de la gare. La vaste étendue blanche se cristallise dans une scène épique d’une simplicité désarmante, mais redoutable, qui ne laisse personne indifférent. Lemieux signe ici un tableau magistral qui n’est pas sans rappeler le célèbre Train de midi (1956, collection du Musée des beaux-arts du Canada), peint 10 ans plus tôt, et Le Rapide (1968, collection du Musée national des beaux-arts du Québec). Les propos de Lemieux recueillis par Guy Robert sont éloquents quant à la place de ce motif dans son œuvre : « J’ai souvent voyagé en train, parce qu’on a le temps de voir venir le paysage, de le laisser apparaître et s’étaler, puis disparaître. C’est un spectacle fascinant qu’on voit défiler tranquillement sous sa fenêtre. »
—
In L’heure du train, dated 1966, Jean Paul Lemieux deploys his most convincing aesthetic arsenal, coupling it with the narrative power so brilliantly illustrated in this winter scene. “The hour of the train” is that of the train’s arrival at the station: a small red shack toward which scattered cars and people are converging, tiny brown dots on the thick blanket of snow. A cloud of smoke rises from the station chimney, another from the train, which is about to brake. At the heart of this picturesque scene is the reunion of travellers with loved ones who have come to greet them. Although Lemieux is not a regionalist painter, his imagery extends to the confines of his home country, reaching to a universal and unifying human experience. Tire tracks on the road suggest a mild end of winter, when the roadway is slippery under the melting snow. One’s gaze is wholly caught by the vanishing line that opens up like scissors in the lower right, running beyond the edge of the painting—this is where the story begins.
The “Lemieux effect” takes on its full meaning in L’heure du train, in which space and time, entirely imagined by the artist, are reduced to a few masses and lines swallowed up in a field textured by palette knife. The grey sky seems to be clearing in the upper left corner, with light reflecting on the snowy plain. The angle selected for the composition and the slightly unstable horizon give viewers the impression that they are walking on the shoulder of that road toward the station themselves. The vast, white expanse crystallizes an epic scene of disarming though formidable simplicity that leaves no one indifferent. Lemieux signs a masterful painting here, one that can’t fail to recall the famous Train de midi (1956, collection of the National Gallery of Canada), painted 10 years previously, and Le Rapide (1968, collection of the Musée national des beaux-arts du Québec). Lemieux’s words, noted by Guy Robert, are eloquent with respect to the significance of this motif in his work: “I’ve often travelled by train, because you have the time to see the landscape coming, to let it appear, spread out, and then disappear. It’s a fascinating spectacle that you watch serenely pass by the window.”
Huile sur panneau / Oil on panel
Dimensions:
47 x 92,7 cm / 18 ½ x 36 ½ in
Signature:
signée et datée au bas à gauche; signée, titrée et datée au dos / signed and dated lower left; signed, titled and dated verso
Provenance:
Collection particulière / Private collection, Montréal
Bibliographie / Literature:
GRANDBOIS, Michèle, Madeleine LACERTE, Anne Sophie LEMIEUX, John R. PORTER et Pierre THÉBERGE. Homage to Jean Paul Lemieux / Hommage à Jean Paul Lemieux, Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada, 2004. Œuvre reproduite en couleurs (fig. 42). / Work reproduced in color (fig. 42).
ROBERT, Guy. Jean Paul Lemieux : La poétique de la souvenance, Québec, Éditions Garneau, 1968.
Exposition / Exhibition:
Homage to Jean Paul Lemieux / Hommage à Jean Paul Lemieux, Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada, Ottawa, du 22 octobre 2004 au 2 janvier 2005; Musée national des beaux-arts du Québec, Québec, du 2 février au 24 avril 2005; McMichael Canadian Art Collection, Kleinburg, du 4 juin au 5 septembre 2005
Jean Paul Lemieux : Exposition rétrospective, Galerie Jean-Pierre Valentin, Montréal, du 12 au 26 septembre 2009
Dans L’heure du train, œuvre datée de 1966, Jean Paul Lemieux déploie son arsenal esthétique le plus convaincant, auquel il ajoute la force du récit, si brillamment illustré dans cette scène d’hiver. L’« heure du train » est celle de son arrivée en gare : une petite baraque rouge vers laquelle affluent les voitures et les gens dispersés tout autour, minuscules points marron sur l’épais tapis de neige. Un nuage de fumée s’échappe de la cheminée de la gare, ainsi que du train, qui s’apprête à freiner. Les retrouvailles sont au cœur de cette scène pittoresque où les voyageurs salueront leurs proches venus à leur rencontre. Si Lemieux n’est pas un peintre régionaliste, son imagerie s’étend aux confins du pays qui l’a vu naître pour toucher à une expérience universelle, rassembleuse et humaine. Les traces de pneus sur le chemin laissent deviner une fin d’hiver au temps doux, lorsque la chaussée est glissante sous la neige fondante. Le regard est happé de plein fouet par cette ligne de fuite qui s’ouvre en ciseaux et déborde le tableau, dans le coin inférieur droit, là où l’histoire commence.
L’« effet Lemieux » prend tout son sens dans L’heure du train, où l’espace et le temps, entièrement imaginés par le peintre, se réduisent à quelques lignes et à quelques masses englouties dans un champ texturé à la spatule. Le ciel gris semble s’éclaircir dans le coin supérieur gauche du tableau : une lumière qui se reflète sur la plaine enneigée. L’angle adopté pour la composition et l’horizon légèrement instable donnent au spectateur l’impression de marcher lui-même sur l’accotement en direction de la gare. La vaste étendue blanche se cristallise dans une scène épique d’une simplicité désarmante, mais redoutable, qui ne laisse personne indifférent. Lemieux signe ici un tableau magistral qui n’est pas sans rappeler le célèbre Train de midi (1956, collection du Musée des beaux-arts du Canada), peint 10 ans plus tôt, et Le Rapide (1968, collection du Musée national des beaux-arts du Québec). Les propos de Lemieux recueillis par Guy Robert sont éloquents quant à la place de ce motif dans son œuvre : « J’ai souvent voyagé en train, parce qu’on a le temps de voir venir le paysage, de le laisser apparaître et s’étaler, puis disparaître. C’est un spectacle fascinant qu’on voit défiler tranquillement sous sa fenêtre. »
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In L’heure du train, dated 1966, Jean Paul Lemieux deploys his most convincing aesthetic arsenal, coupling it with the narrative power so brilliantly illustrated in this winter scene. “The hour of the train” is that of the train’s arrival at the station: a small red shack toward which scattered cars and people are converging, tiny brown dots on the thick blanket of snow. A cloud of smoke rises from the station chimney, another from the train, which is about to brake. At the heart of this picturesque scene is the reunion of travellers with loved ones who have come to greet them. Although Lemieux is not a regionalist painter, his imagery extends to the confines of his home country, reaching to a universal and unifying human experience. Tire tracks on the road suggest a mild end of winter, when the roadway is slippery under the melting snow. One’s gaze is wholly caught by the vanishing line that opens up like scissors in the lower right, running beyond the edge of the painting—this is where the story begins.
The “Lemieux effect” takes on its full meaning in L’heure du train, in which space and time, entirely imagined by the artist, are reduced to a few masses and lines swallowed up in a field textured by palette knife. The grey sky seems to be clearing in the upper left corner, with light reflecting on the snowy plain. The angle selected for the composition and the slightly unstable horizon give viewers the impression that they are walking on the shoulder of that road toward the station themselves. The vast, white expanse crystallizes an epic scene of disarming though formidable simplicity that leaves no one indifferent. Lemieux signs a masterful painting here, one that can’t fail to recall the famous Train de midi (1956, collection of the National Gallery of Canada), painted 10 years previously, and Le Rapide (1968, collection of the Musée national des beaux-arts du Québec). Lemieux’s words, noted by Guy Robert, are eloquent with respect to the significance of this motif in his work: “I’ve often travelled by train, because you have the time to see the landscape coming, to let it appear, spread out, and then disappear. It’s a fascinating spectacle that you watch serenely pass by the window.”